4 Mars 2019
Née sous les meilleurs hospices, cette Alfa Romeo, qui devait marquer le retour de la marque en compétition au milieu des années 50 n'a pourtant jamais connu la piste. Je vous propose ce soir d'évoquer son histoire.
Cette magnifique auto, datant de 1955 est la version course de l'Alfa Roméo Giulietta apparue l'année précédente et référencée comme "750" en interne par la firme de Milan.
Le projet initial était de produire une petite série de 50 exemplaires destinés à la populaire classe des moins de 1500cc.
Pour ce faire, les motoristes ont travaillé sur le 4 cylindres 1300cc de la Giulietta pour le porter à 1488cc et en tirer au final 145 ch à 8000 tours.
On est donc près des 100 cv au litre, une performance pour l'époque.
Côté châssis, Carlo Abarth est mis à contribution.
Il imagine un novateur châssis tubulaire renforcé par des plaques formant caissons, le tout en aluminium, un peu à la manière de ce qui existe déjà à l’époque chez D.B., ou ce que va développer 8 ans plus tard Mauro Forghieri chez Ferrari.
L'étude aérodynamique de la 750C et la conception de la carrosserie sont confiés à Mario Boano.
Il crée une carrosserie autoporteuse en feuilles d'acier à la ligne très proche des spiders Abarth de la même période.
Les suspensions et le système de freinage proviennent de la Giulietta de série et sont évidement modifiés.
Le projet avance bien, deux prototypes sont produits.
Mais il était dit qu'Alfa Romeo ne reviendrait pas à la compétition avec la 750 Competizione.
Les essais sont un désastre, le châssis Abarth manque de rigidité et la tenue en courbe est catastrophique.
De plus, la ligne du premier prototype, très typé Boano avec son avant plongeant et ses phares incrustés dans la calandre est très loin du style de la production d'Alfa Romeo et ne convainc pas la direction.
Le second prototype adopte une carrosserie beaucoup plus typée Alfa, mais décidément la 750C est mal née.
Le projet est donc abandonné, la série de 50 ne verra jamais le jour.
A priori, les deux prototypes auraient été préservés et celui-ci serait le second.
Il est religieusement conservé au Musée Alfa Romeo d'Arèse et n'en sort que très peu, encore plus rarement hors d'Italie.
Personnellement, je ne l'ai aperçu que deux fois en trente ans, lors des Coupes de l'Age d'Or à Monthléry en 1989 où il avait effectué quelques tours de présentation, et, en vedette sur le stand Abarth, cette année à Retromobile.
Sa carrosserie actuelle semble être un mélange entre les deux prototypes.
On reconnait en effet la ligne Alfa du second prototype, mais la dérive derrière le pilote qui lui donne un air de Jaguar Type D à l'italienne et qui était présente sur le premier prototype a été ajoutée.
L'essemble des photos ont été prises lors du salon Retromobile 2019 hormis la dernière qui date des Coupes de l'Age d'Or 1989 à Monthléry.