24 Septembre 2019
Yves Courage né le 7 avril 1948 au Mans.
Avant de devenir un constructeur à part entière, il va se faire un nom dans le Sport Automobile en tant que pilote.
Après avoir envisagé un temps de devenir boxeur, il s'inscrit à 15 ans, en 1963, à l'école de pilotage de Magny-Cours avec la ferme intention de décrocher le volant Shell.
L'adolescent est un élève doué et impressionne par sa précocité son instructeur, Tico Martini. Mais malgré l'aide de sa mère, il manque de fonds et doit abandonner en cours de route.
Pour mémoire, cette année là, c'est Jean Pierre Jaussaud qui va décrocher le prix décerné par l'Ecole Winfield.
A 18 ans, au volant de sa première Renault 8, il passe les sélections de la Coupe Gordini, mais cette fois encore, le manque d'argent ne lui permet pas de courir.
Puis c'est le service militaire, période durant laquelle le jeune manceau, qui se défini volontiers comme têtu, se fixe pour objectif de tout faire pour devenir pilote.
Libéré de ses obligations envers la patrie, il achète une Formule France et participe à quelques compétitions avec des résultats encourageants.
Puis, invité par des amis, Yves Courage participe à sa première course de côte avec sa monoplace.
C'est la révélation, il termine sur la troisième marche du podium devant des autos bien plus puissantes que la sienne.
Le jeune homme se sent enfin reconnu pour ses compétences, et il va, petit à petit, se faire une place dans le milieu des Montagnards.
De la Martini Mk 4 de ses débuts, il va passer à une F2, une March 722, avec laquelle il va accumuler les succès à partir de 1973.
A la fin des année 70, il reviendra à ses premières amours, signant ses derniers succès au volant de Martini MK 25, Mk 28 et Mk 32, préparées et modifiées par ses soins.
Après avoir remporté 97 victoires, il achève sa carrière en course de côtes comme il l'avait commencé, par une troisième place au Mont Dore le 09 aout 1981.
Mais comme tout bon sarthois, Yves Courage à une autre ambition, celle de participer aux 24 Heures du Mans.
Dès 1972, son nom apparait sur la première liste des engagés, sur une Chevron B21, en 1973, sur une Lola T292, en 1974 il est inscrit pour participer aux 4 Heures sur une Grac MT20, enfin en 1976,
son nom apparaît à côtes de celui de Bernard Béguin sur la fiche d'engagement d'une Lola T286.
Malheureusement, les budgets manquant, ces quatre premières tentatives resteront lettre morte.
Ce n'est qu'en 1977 qu'il participe pour la première fois à la grande classique mancelle sur une Porsche 911 Carrera RSR. Il a pour coéquipiers Joël Laplacette, qui a engagé la voiture, et "Segolen".
Malheureusement, la Porsche ne verra pas le drapeau à damiers suite à la rupture d'un joint de transmission.
L'année suivante, Courage roule de nouveau sur une Porsche, une 930 engagée par Laplacette. En dehors du pilote français, il est, cette fois, associé aux deux suisses Antoine Salamin et Gérad Vial.
L'aventure va s’arrêter vers 2h30 du matin et le manceau va se faire une belle frayeur lorsque la Porsche Turbo part en tête à queue suite à un éclatement de la roue arrière droite et sort de la piste. Malgré tout ses efforts la voiture restera en panne sur le circuit.
En 1980, Yves Courage va participer aux 24 Heures du Mans avec un jeune pilote pour qui il s'est lié d'amitié quelques années auparavant, Jean Philippe Grand qui sera plus connu lorsqu'il aura fondé le Graff Racing en 1984 après être devenu champion de France de Formule Ford l'année précédente.
Les deux hommes ont réussi à décrocher un contrat de sponsoring avec JVC qui leur permet d'engager une une très belle Chevron B36 BMW en Groupe 6 2l.
Mais une fois de plus, alors que Jean Rondeau va remporter la course sur sa propre création, le manceau ne verra pas l'arrivée, il ne prendra même pas le volant.
En effet, Jean Philippe Grand se fait accrocher par la Porche 935 de Michael Sherwin dès le sixième tour.
Les deux voitures n'iront pas plus loin.
Un an plus tard, les deux hommes s'associent à nouveaux pour disputer les 24 Heures.
Ils ont réussi a convaincre Jacques Petitjean, le sémillant directeur de la communication de Primagaz de sponsoriser une seconde autos pour la course en plus de celle engagée par la compagnie gazière.
De fait, la seconde Lola T298 BMW est engagée au nom de Jean Philippe Grand dans le cadre du Groupe 6 2l.
Grand et Courage vont faire une course magnifique qui va les mener à la 18ème place finale avec une victoire de catégorie en bonus.
Chez Primagaz, c'est la fête et le champagne coule à flot.
Dans l'euphorie de la victoire, Yves Courage se lance un nouveau défi.
Séduit par le nouveau règlement Groupe C applicable en 1982, le manceau à pour projet de construire sa propre voiture.
Il échange à ce sujet avec Jacques Petitjean, qui, contre toute attente, décide de le suivre dans son projet et lui alloue un budget.
A la même période, il rencontre Marcel Hubert, "l'Aérodynamiteur" comme aimait à l'appeler Bernard Boyer, l'homme qui a défini la ligne aérodynamique de toutes les Alpine d'Endurance, de la M63 à l'A443.
Le courant passe bien entre les deux passionnés de compétition automobile et Hubert décide d'aider bénévolement Courage.
Mais il faut maintenant monter une équipe, et pour ce faire, Courage va prendre comme exemple l'idée de Gérard Welter et Michel Meunier lorsqu'ils ont crée WM.
A l'automne 1981, il dépose les status d'une structure associative formée de bénévoles sous le nom de Technique Automobile Mancelle.
Le projet est lancé.
La grange d'un corps de ferme de Savigné l'Evêque se transforme en atelier et petit à petit un monocoque en aluminium, classique et simple, y prend forme.
Dans certaines interviews, Yves Courage évoque un coup de main de Tico Martini lors de la conception de la coque.
De son côté, Marcel Hubert dessine une jolie Groupe C à effet de sol très inspirée en partie haute, probablement pour réduire les coûts, des travaux de souffleries qu'il avait réalisé pour concevoir l'Alpine Renault A442.
Les bénévoles accumulent les nuit blanches et le projet avance.
Sur le plan du moteur, le choix se porte sur ce qui semble se faire de mieux en matière de "compétition-client", le Cosworth DFL 3,3l, qui équipe également une partie des Rondeau et bon nombre de voiture du plateau.
Malgré tout l'investissement des hommes qui travaillent sur l'auto, l'argent commence à manquer et Yves Courage repart à la chasse aux sponsors.
Il croise alors la route de Claude Roux, de l'usine Simmonds. Ce dernier va se laisser séduire par la passion communicative du manceau et lui proposer non seulement une aide technique pour achever la voiture mais également lui apporter de nouveaux financeurs.
Le temps est compté car pour pouvoir disputer les 24 Heures du Mans 1982, la voiture doit préalablement avoir participer à une autre manche du Championnat du Monde d'Endurance.
Le choix de l'équipe se porte sur les 1000 Km du Nürburgring, le 30 mai.
Pour baptiser la voiture, Yves Courage se refuse à s'attribuer le travail de tout les bénévoles et n'ose pas lui donner son nom. Il va en utiliser une anagramme, la nouveauté va désormais s'appeler Cougar C01.
Après une très courte séance de roulage, la Cougar, à peine terminée, prend le chemin de du Nürburgring fin mai.
Pour l'occasion, Yves Courage et Jean Philippe Grand vont être accompagnés par l'ex pilote de de Formule 1 Patrick Gaillard. Il semble d’ailleurs que ce soit le parisien qui ait qualifier la débutante au 23ème rang en 8'46"600.
Mais sur "l'Enfer Vert", le félin français souffre. Sa prestation en course va s'achever à la fin du premier tour, suspension cassée.
L'auto est jeune, il n'y a rien d'alarmant et l'équipe à réussi son pari et gagné le précieux sésame pour les 24 Heures.
Deux semaines plus tard, la Cougar attaque sa semaine mancelle.
Ces 24 Heures du Mans 1982 étaient données pour un affrontement Ford/Porsche.
Henri Pescarolo, qui coure sur une Rondeau M382, tient la tête du Championnat du Monde.
Selon les spécialistes, la débutante Porsche 956 devrait être handicapée par le nouveau règlement à la consommation.
Tout le monde connait la suite, la débâche complète du clan Ford, tant pour les Rondeau que pour les C100 et les Sauber C6, due en grande partie aux vibrations générées par le nouveau Cosworth 3,9 l, qui détruit les châssis et les périphériques moteur.
La victoire de la nouvelle Porsche va être écrasante et contrairement à toute les prévisions, une pression de turbo abaissée à 1,1 bar va lui permettre de se montrer d'une sobriété exemplaire.
Chez Cougar, les ennuis ont commencé dès les essais.
Le capot arrière et l'aileron génèrent trop d'appui à haute vitesse et ils écrasent l'arrière de la voiture, détériorant les échappements en les faisant racler au sol.
Yves Courage et Jean Philippe Grand, cette fois associés à Michel Dubois, réussissent cependant à se qualifier.
La C01 terminant les qualifications au 29ème rang en 3'51"620.
En course, l'aventure va s’arrêter suite à une crevaison en fin d'après-midi. La suspension arrière est touchée et la réparation est longue.
La Cougar ressortira des stands mais finira par abandonner à cause des conséquences de cet incident.
Peu avant trois heures du matin, un demi-abre, qui avait probablement souffert, fini par céder.
Avant son abandon, la C01 avait couvert 78 tours.
Le félin français va enfin voir l'arrivée le 5 septembre lors des 1000 Km de Spa.
Cette fois ci, Yves Courage est associé au régional de l'étape Hervé Régout et à l'anglais Nick Faure.
Qualifiée 19ème en 2'30"750, la française va passer le drapeau à damier après une course difficile au 21ème rang, à 40 tours de la Porsche 956 victorieuse de Jacky Ickx et Jochen Mass.
Sa saison 1982 s’arrête lors des 1000 Km de Brands Hatch le 17 octobre.
Yves Courage, Hervé Régout et Patrick Gaillard sont de nouveau de la partie.
Un moteur cassé aux essais leur empêchera de prendre part à la course.
Mais malgré tout ces problèmes de jeunesse; l'équipe peut être fière du travail accompli en cette fin de saison 1982.
Même si la C01 doit être développée, elle se révèle être une bonne base et a montré du potentiel.
Les bénévoles de Savigné l'Evêque sont remontés à bloc et une nouvelle voiture, la C02 est déjà dans les cartons.
Initialement, deux Cougar étaient invitées à se présenter au pesage des 24 Heures du Mans 1983, mais, une fois de plus, l'argent a manqué et il a fallu retarder la conception de la C02.
Tout les efforts de l'équipe de bénévoles mancelle se sont donc concentrés sur la préparation de la C01 durant l'hiver 1982/83.
La Cougar a évolué sur le plan aérodynamique pour tenter d'équilibrer les appuis de façon plus efficace que l'année précédente.
Après un passage à la soufflerie de St Cyr, Marcel Hubert a revu sa copie, le capot arrière a été rallongé de 6 cm et sa forme légèrement modifiée, son aileron réduit, le capot avant légèrement raccourci.
Même si la Cougar reste fidèle au Cosworth, une nouvelle transmission a été montée.
Le passage des pneus Dunlop aux Michelin a nécessité de revoir les suspensions en profondeur.
Dans cette configuration, la Cougar prend appellation de C01B.
Primagaz a renouvelé son soutient à Yves Courage et le franco britannique Alain de Cadenet a rejoint l'aventure. Michel Dubois sera le troisième pilote.
Pour la première fois, une Cougar va porter le n°13, il devait être attribué à Joest, mais superstitieux, l'allemand à refusé, pas Yves Courage. Signe du destin, il apprendra ensuite qu'Alain de Cadenet en était à sa 13ème participation.
Lors de la première séance d'essais du mercredi, la voiture roule avec un Cosworth 3l le temps que les pilotes prennent leurs marques et affinent les réglages.
Le lendemain, un DFL 3,3 préparé chez Mader et donné pour 500cv prend sa place, Alain de Cadenet en profite pour signer le 30ème temps en 3'46"040. En un an, la française a progressé de plus de cinq secondes au tours en termes de performances.
C'est Yves Courage qui va prendre le départ, mais il rentre dès 16h20, un joint de la pompe à eau à lâché et il faut 28 minutes pour le changer.
Michel Dubois repart peu avant 17h et assure deux relais.
Alain de Cadenet prend la piste à 18h32.
A la fin de son premier relais, il demande un réglage de l'aileron arrière et 5 minutes sont de nouveau perdues.
Pointant 48ème après son problème de pompe à eau à la première heure, la Cougar est 26ème trois heures plus tard.
Mais à 20h01, la C01B est arrêtée au drapeau noir par le directeur de course, un manchon de refroidissement se ballade et l'équipe perd quatre minutes à le refixer.
De Cadenet repart et assure un relais complet et rentre à 20h55, il faut changer un échappement. L'arrêt coute 8 minutes et Courage ressort à 21h03.
A 21h13, le manceau est signalé au ralenti sur le circuit, il rejoint les stands cinq minutes plus tard.
Pour tenter de résoudre les problèmes d'alimentation en essence, la pompe est entièrement démontée et remontée, 1h13 sont de nouveau perdues.
Courage repart et assure un relais. A 23h, la Cougar est retombée au 36ème rang.
Dubois prend le volant à 23h25 mais rentre après seulement 25 minutes, les problèmes d'alimentation sont revenus.
Une nouvelle réparation est tentée, mais sans succès.
L'abandon est officialisé à 3h18.
La C01B va finir la saison 1983 par une belle prestation aux 1000 Km du Mugello fin octobre.
Aldo Bertuzzi et Gianni Giudici secondent Yves Courage à cette occasion.
Qualifiée 16ème, la C01B va terminer à une brillante 10ème place.
Début 1984, la C01B assure l'intérim en attendant la C02 préparée pour le Mans.
Au 1000 Km de Monza, fin avril, Yves Courage et Alain de Cadenet retrouvent Gianni Giudici.
Qualifiée 24ème en 1'53"610 sur le rapide circuit italien, la voiture ne prendra pas le départ suite à des problèmes de moteur au warm-up.
Trois semaines plus tard, lors des 1000 Km de Silverstone, Alain de Cadenet et Yves Courage terminent 17ème après être partis du 28ème rang.
La C01B va ensuite rejoindre la collection Rosso Bianco où elle restera durant de nombreuses années.
Yves Courage la rachète au milieu des années 2000 avec pour espoir de la restaurer pour fêter le 25 ème anniversaire de l'aventure Courage.
Il va une nouvelle fois tenir son pari, l'auto est visible au Musée automobile de la Sarthe.
Palmarès succinct Cougar C01 |
En tant que C01: |
- Abandon aux 1000 Km du Nurburgring 1982 (suspension) avec Patrick Gaillard, Yves Courage et Jean-Philippe Grand. |
- Abandon à la 13ème heure aux 24 Heures du Mans 1982 (transmission) avec Michel Dubois, Yves Courage et Jean-Philippe Grand. |
- 21 ème aux 1000 Km de Spa 1982 avec Yves Courage, Nick Faure et Hervé Regout |
- Forfait aux 1000 Km de Brands Hatch 1982 (casse moteur aux essais) avec Yves Courage, Hervé Regout et Patrick Gaillard |
En tant que C01B: |
- Abandon aux 24 Heures du Mans 1983 (moteur) avec Yves Courage, Michel Dubois et Alain De Cadenet |
- 10ème aux 1000 Km du Mugello 1983 avec Yves Courage, Aldo Bertuzzi et Gianni Giudici |
- Forfait aux 1000 Km de Monza 1984 (casse moteur aux essais) avec Alain De Cadenet, Gianni Giudici et Yves Courage. |
- 17ème aux 1000 Km de Silverstone avec Alain De Cadenet et Yves Courage |