18 Décembre 2019
Au milieu des années 80, les constructeurs automobiles japonnais ne se sont jamais aussi bien portés.
Suivant l'exemple de Mazda qui utilise l'Endurance comme moyen de promotion et a débuté au Mans en 1980 avec ses RX-7, Toyota va décider de se lancer dans le grand bain lui aussi.
La décision du constructeur d'Aichi va être prise au début de l'année 1983, avec pour objectif de disputer le championnat d'Endurance national, mais aussi d'engager deux voitures aux 24 Heures du Mans dès 1985.
En 1975, Toyota avait déjà participé aux 24 Heures du Mans en tant que motoriste de l'équipe Sigma, team qui deviendra plus tard S.A.R.D (Sigma Advanced Racing Development).
L'association Dome et Toyota date des championnats de voitures de tourisme de la fin des années 70. C'est donc tout naturellement que lui est confié la conception de l'auto lorsque Toyota décide de réaliser son rêve.
Cela tombe bien, puisqu'en japonnais, "Dome" veut dire rêve.
Qui plus est, la marque fondée par les deux cousins Minoru et Masakazu Hayashi en 1975 a déjà une expérience de la classique sarthoise.
En effet, entre 1979 et 1981, ils y ont aligné une auto de leur conception, la Dome Zero RL, motorisée par un V8 Cosworth, et dont un exemplaire ralliera l'arrivée au 25ème rang en 1980 avec Chris Craft et Bob Evans.
Dome et Toyota vont procéder par échelons successifs.
Tout débute avec la Dome 83C en 1983. L'auto est inscrite en championnat japonnais et se montre performante, mais elle manque régulièrement de fiabilité.
La Dome 83C permet de commencer la saison 1984, et fait même une pige aux Etats-Unis lors des 6 Heures de Riverside. L'équipe progresse et frise de peu la victoire aux 500 Km de Fuji en championnat national.
Dome travaille sur une nouvelle auto, la 84 C qui va débuter en août aux 1000 Km de Suzuka.
La Dome 84C est développée autour d'un classique monocoque en aluminium, sa carrosserie, novatrice, est en fibres de carbone.
C'est une Groupe C à effet de sol avec deux tunnels déporteurs enveloppant la transmission.
L'idée est d'apprendre, les cousins Hayashi conçoivent donc du solide.
Avec un poids largement au dessus des 900 kg, il devient vite clair que les constructeurs/préparateurs n'ont effectivement pas lésiné sur la robustesse.
Comme la 83C, l'auto est motorisée par un quatre cylindres turbo de 2,1l dérivé de la Celica donné pour 503 cv en condition de course à 7600t/min, donc un peu juste vis-à-vis de la concurrence de l'époque et aux vues du poids de l'auto.
A Suzuka, la nouvelle Dome surchauffe et abandonne. Un mois plus tard, lors des 1000 Km de Fuji, elle termine septième puis sur la dernière marche du podium fin novembre lors des 500 Miles, toujours aux pieds du volcan.
Durant l'hiver 1984/85, la 84C est retravaillée dans sa partie arrière, allégée, et ses tunnels déporteurs sont agrandis.
Elle prend alors officiellement le nom de Toyota et devient la 85C.
Elle garde cependant un certain embonpoint et le quatre cylindres manque toujours autant de puissance vis à vis de la concurrence.
Ce manque de vélocité sera encore plus présent au Mans en 85. Selon Geoff Lees qui courait sur l'autre châssis, Toyota voulait absolument finir et la pression de turbo avait été abaissée en conséquence.
Il semble que dans la Sarthe, le quatre cylindres ne développait plus qu'entre 460 et 480 cv.
La 85 C débute en course en championnat du Japon en avril 85 au 500 Km de Suzuka avec Satouru Nakajima et Masanori Sekiya.
Mais alors que Geoff Lees et Eje Elgh remporte l'épreuve sur la 84C, la 85C des japonnais casse son moteur.
Un mois plus tard, lors des 1000 Km de Fuji "All Japan", la 84C a été transformées et trois voitures sont engagées en tant que 85C, toutes par des équipes différentes : Tom's pour la n°36, Ikuzawa pour la n°37 et Dome Motorsport pour la n°38.
C'est une Porsche 962C qui s'impose mais les trois Toyota sont à l'arrivée aux 5ème, 6ème et 7ème place.
Le début de saison au japon est plutôt très bon, de quoi mettre les équipes en confiance pour affronter les 24 Heures du Mans.
Cette fois encore, Toyota avait décidé de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
La #85C-01 était exploitée par le Team Tom's et pilotée par un équipage exclusivement japonnais composé de Satoru Nakajima, Masanori Sekiya et Kaoru Hoshino. Sa monte pneumatique était fournie par Bridgestone.
La n°38, le second châssis, était, elle, exploitée par Dome, pilotée par un équipage international composé de Eje Elgh, Geoff Lees et Toshio Suzuki, et était montée en Dunlop.
Le fil rouge est donc toujours le même, apprendre.
En qualification, même si la n°38 est cinq secondes plus rapide que la n°36, les deux autos sont respectivement 22ème et 29eme, toutes deux à plus de 30 secondes de la pôle record de Hans Stuck.
Les 24 Heures du Mans 1985, placées sous le signe d'une consommation réduite de 15% par rapport à l'année précédente sera une course morne. Un long défilé de Porsche roulant largement en dessous de leur capacité.
Seule surprise, l'usine de Stuttgart, qui aligne les nouvelle 962C va chuter.
Comme en 1984, c'est le Team Joest, dont la préparation des 956 est sans faille, qui va l'emporter, avec la même voiture que l'année précédente.
Le titre de Sport auto résumera bien la course: "L'ordinateur de Joest a battu celui de Porsche".
Les Toyota font une course sans accro. Après un départ prudent, les deux autos vont rouler comme des horloges jusqu'à la dixième heure.
Peu de problème de jeunesses, mais la n°38 va commencer à être en difficulté avec son embrayage peu après minuit. Les choses vont aller en s'empirant et elle abandonnera à 2h44 après avoir couvert 141 tours.
L'équipage japonnais de la n°36 géré par le Team Tom's va rejoindre l'arrivée à la 12ème place.
Les représentant de l'Usine Toyota sont aux anges, mais ont conscience qu'un long chemin reste à faire jusqu'à la victoire.
Fin juillet, lors des 500 Miles de Fuji, #85C-01 termine seconde derrière la Porsche 962C du Advan Sports Nova à deux tours, la n°37 du team Ikuzawa complète le podium, la n°38 du Dome Motorsport à abandonné sur casse moteur.
Fin août, lors des 1000 Km de Suzuka, la 962C Advan s'impose encore et, comme à Fuji, la Toyota 85C n°36 termine seconde. Celle du Dome Motorsport abandonne une nouvelle fois.
En octobre, lors des 1000 Km du Mont Fuji en Championnat du Monde, c'est l'étonnante March 85G du Hoshino Racing qui va s'imposer sous la pluie. #085C-01 termine troisième, la 85C confiée au Misaki Speed 7ème, celle du Dome Motorsport 9ème et celle du du team Ikuzawa 10ème.
La Porsche 962 C Advan remporte le championnat japonnais en s'imposant lors de la dernière manche, les 500 Km de Fuji fin novembre. #085C-01 a cassé son moteur, celle du team Ikuzawa a été disqualifiée et seule celle du Dome Motorsport termine, à une très belle seconde place.
#085C-01 va entamer la saison japonnais 1986 en configuration 85C, mais sans résultat notable.
Elle est transformée en 86C entre mai et juillet. Les modifications aérodynamiques et la cure d'amaigrissement vont lui réussir.
Elle va alors signer une quatrième place lors des 500 Miles de Fuji en juillet, puis une seconde place aux 1000 Km de Suzuka fin août.
Ses deux ultimes courses aux 1000 et aux 500 Km de Fuji en octobre et novembre se termineront par deux abandons.
Son nouveau propriétaire l'a restauré dans sa configuration 85C-L des 24 Heures du Mans 1985 et elle est réapparue ainsi lors du Mans Classic 2016.
- Abandon aux 500 Km de Suzuka 1985 (moteur) avec Satoru Nakajima et Masanori Sekiya |
- 7ème aux All Japan 1000 Km de Fuji 1985 avec Satoru Nakajima, Masanori Sekiya et Kaoru Hoshino. |
- 12ème des 24 Heures du Mans 1985 avec Satoru Nakajima, Masanori Sekiya et Kaoru Hoshino. |
- Seconde aux All Japan 500 Miles de Fuji 195 avec Satoru Nakajima, Masanori Sekiya et Kaoru Hoshino. |
- Seconde aux 1000 Km de Suzuka 1985 avec Satoru Nakajima, Masanori Sekiya et Kaoru Hoshino. |
- 3ème aux 1000 Km de Fuji 1985 (Champ Japon) avec avec Satoru Nakajima et Masanori Sekiya. |
- Abandon aux 500 Km de Fuji 1985 (moteur) avec avec Satoru Nakajima et Masanori Sekiya. |
- Abandon mais classée 20ème aux 500 Km de Suzuka 1986 avec Hitoshi Ogawa et Toshio Suzuki. |
- 9ème aux 1000 Km du Mont Fuji 1986 avec Motoharu Kurosawa, Hitoshi Ogawa et Kaoru Hoshino. |
En tant que 86C : |
- 4ème aux 500 Miles du Mont Fuji 1986 avec Motoharu Kurosawa, Hitoshi Ogawa et Kaoru Hoshino. |
- Seconde aux 1000 Km de Suzuka 1986 avec Motoharu Kurosawa, Hitoshi Ogawa et Kaoru Hoshino. |
- 24 ème aux 1000 Km internationnal du Mont Fuji 1986 avec Toshio Suzuki, Hitoshi Ogawa et Kaoru Hoshino. |
- Abandon aux 500 Km Du Mont Fuji 1986 (accident) avec Toshio Suzuki et Hitoshi Ogawa . |