7 Février 2020
De très belles autos partout, beaucoup de monde pour un premier jour, cette édition 2020 de Retromobile s'annonce d'entrée comme un succès.
Je vous propose donc une déambulation entre les allées des Halls du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, purement subjective, et en partageant avec vous un regard sur les beautés qui ont frappées mon oeil.
Pour commencer, voici les deux C.D. LM 64.
Personne ne semble les avoir aperçu, mais ces éléments majeurs du patrimoine automobile français sont pourtant bien présentes, les deux, restaurées quasi dans leur état originel et ayant retrouvé leur bleu de France.
Les deux "Poissons volants" sont désormais la propriété d'un collectionneur du nord de la France.
Elles n'ont toujours pas retrouvé leurs moteurs à sur-presseur spécifique, mais l'intégralité du complexe système de boite à air qui les équipait à l'époque a été entièrement reconstruit.
Quel plaisir de les revoir ensemble, d'autant qu'a priori, une rencontre prévue avec les CD SP 66 qui a récemment avortée devrait être reprogrammée dans un proche avenir.
Sans transition, un bref passage chez Artcurial avec la Ferrari 126 C3-O68 ex René Arnoux de la saison 1983.
Cette première F1 Ferrari à coque carbone conçue par Harvey Postlethwaite ne participera, apparemment, qu'au Grand Prix d'Autriche 1983, à l'issue duquel Arnoux se classera second.
Il est possible que le français ait remporté avec elle également le Grand Prix des Pays-Bas.
A La fin de la saison, Ferrari sera sacré Champion du Monde des Constructeur grâce à la 126 C3.
Née barquette Guépard en 1952, la ligne de ce tank au châssis tubulaire motorisé par un bloc de 4cv préparé sera reprise par Marcel Riffard après le Bol d'Or 1954 pour en faire un engin de records.
Le célèbre ingénieur aéronautique créateur des Caudron Rafale et Simoun, et de quelques autos pour les 24 Heures, dont la Panhard victorieuse à l'indice en 1953, va dessiner carrosserie en forme d'aile d'avion qui sera réalisée chez Heuliez à Cerizay.
Chez Porsche, la présence de la reconstruction de la Lohner-Porsche "Semper Vivus" de 1900, premier véhicule hybride essence/électrique de l'histoire, semblait donner du crédit à la monté en puissance de l'électrique chez le constructeur de Stuttgart.
Un très beau stand chez Fiskens cette année avec la présence de l'Audi R8 #405 qui termina seconde à un tour lors des 24 Heures du Mans 2000 alors qu'elle était pilotée par Allan McNish, Stéphane Ortelli et Laurent Aïello.
Juste à côté d'elle, la Ferrari 275 GTB/C #09027GT pilotée par Pierre Noblet et Claude Dubois pour le compte de l'Ecurie Francorchamps lors des 24 Heures du Mans 1966.
Les deux nordistes vont terminer 10ème au général et second en GT.
La Ferrari 312 B2 #005 avec laquelle Jacky Ickx remporta le Grand Prix d'Allemagne 1972 au Nürburgring.
Même si elle est évidement moins belle que sa devancière, cette ancienne pensionnaire de Jacky Setton reste une des plus belle monoplace de l'histoire de Maranello.
La Ford GT40 P/1069.
Après avoir représenté la firme de Dearborn lors du salon de Genève 1967, elle va ensuite devenir une voiture de presse pour le compte de Ford avant d'être rachetée par Anthony Bramford puis par la famille Mather.
Sur le stand Girardo & Co trônait la Ferrari 412 T2 #157, avec laquelle Jean Alesi termina second des Grand Prix d'Argentine et de San Marin 1995.
Cette monoplace est également connue pour avoir été la première F1 Ferrari testée par Michael Schumacher à Fiorano fin 1995.
La sublime Ferrari 312P #0868/0872 avec laquelle Chris Amon ne terminera jamais le premier tour des 24 Heures du Mans 1969 suite à l'accident de John Woolfe.
Réparée et renumérotée, elle reviendra au Mans l'année suivante sous les couleurs du NART mais ne sera pas classée.
En 1974, toujours sous les couleurs américaines et transformée en barquette, elle terminera 9ème aux mains de Jean-Claude Andruet et Teodoro Zeccoli
Les versions courses de la Bugatti EB110 semblent enfin retourner en odeur de sainteté auprès des amateurs de la marque de Molsheim.
C'est en tout cas ce que laisse à penser la présence de la version LM et de la version IMSA sur le stand 110% et la sortie prochaine de deux livres racontant l'histoire des ces superbes autos. Il était temps.
Pour commencer, l'EB110 LM #ZA9BB02E0RCD39016 qui ne terminera malheureusement pas les 24 Heures du Mans 1994 et dont j'ai déjà fait l'historique sur ce site.
Juste derrière elle, l'EB110 SS #ZA9AB01E0PCD39044 qui fera une courte carrière en IMSA et en BPR durant la saison 1996.
Très violemment accidentée par Patrick Tambay lors des Essais Préliminaires des 24 Heures du Mans 1996, elle sera reconstruite avec un châssis "de série" (le #S32) et terminera sa carrière aux 2 Heures de Dijon 1996.
La sublime Aston Martin DB4 GT Zagato #DB4GT/0176/R 1961 qui semble avoir été la toute première DB4 GTZ construite.
Les ancêtres étaient présentes également à l'extérieur pour des démonstrations.
Un très bel hommage à Henri Pescarolo sur le stand de l'ACO avec la présence de trois voitures du Musée Automobile de la Sarthe racontant le Pescarolo pilote et le Pescarolo constructeur.
De droite à gauche, la Matra MS 670B #06 avec laquelle il remporta les 24 Heures du Mans 1974 en compagnie de Gérard Larousse, la Rondeau M379 C #06 des 24 Heures du Mans 1981 lors desquels il abandonna avec Patrick Tambay, et la Courage Pescarolo C60 #03 dans sa livrée des 24 Heures du Mans 2003 qu'elle terminera 8ème. Il semble que ce soit ce même châssis qui terminera second en 2006.
Sur le stand de Sport et Collection, l'Alpine A442/0 déjà vue au Vigeant l'année dernière.
La Sauber Sauber C9 #89.C9.A1 aurait été construite à partir du châssis de rechange des saison 1988/89 et certain éléments de la carosserie de voiture victorieuses des 24 Heures du Mans 1989 pour le compte de Peter Sauber. Elle n'a, a priori, jamais couru.
Peter Sauber va la conserver quelques années avant de la revendre au Musée de Donington et elle sera ensuite rachetée par un collectionneur anglais.
L'originale est évidement au Musée Mercedes.
La Peugeot 908 HDi FAP #09 victorieuse aux 12 Heures de Sebring et au Petit Le Mans 2010.
Christian Huet à magnifiquement restauré la barquette Simca 8 Gordini #803068 qui a participé trois fois aux 24 Heures du Mans en 1938 (Gordini/Scaron, Abandon), 1939 (Breillet/Debille, Abandon) et 1949 (Elder/Camerano, Abandon).
Le Sorcier, associé à José Scaron, avaient également remporté leur classe à son volant lors des 24 Heures de Spa 1938.
L'autre très beau Stand de Retromobile 2020, celui d'Ascott Collection.
Xavier Micheron présente, entre autre, la sublime Nissan R390 GT1 #R8 qui a terminé 5ème des 24 Heures du Mans 1998 avec John Nielsen, Franck Lagorce et Michael Krumm.
La déco de cette édition était vraiment splendide et la voiture, en version longtail, encore plus belle que l'année d'avant.
Cerise sur le gâteau, le modèle présenté semble être quasiment dans son état d'origine.
Une très très belle trouvaille.
Très belle également, la Porsche 910 #027 qui fera deux courses pour le compte de l'Usine en 1967, les 1000 Km du Nürburgring avec Stommelen et Ahrens et les 6 Heures de Brands Hatch avec Hill et Rindt.
Elle sera ensuite vendue au Hart Ski Racing Team et fera un très belle carrière avec, notamment une victoire de classe aux 6 Heures de Brands Hatch 1968.
Toujours chez Ascott, la Surtees TS9B #TS9-05 ex John Surtees et Mike Hailwood avec laquelle le second termina deuxième du Grand Prix d'Italie 1972, signant le meilleur résultat d'une Surtees F1 en course.
La Ferrari 330 P4 #0858 n'est, à priori, pas proposée à la vente et elle est au salon en démonstration.
Elle est désormais présentée dans une étonnant livrée Brands Hatch 1967, course où elle avait terminé 6éme en configuration Spider.
J'ai d'ailleurs toujours cru qu'elle portait le n°8 durant cette course et que c'était la #0860 qui avait amené le titre à Ferrari.
C'est d'autant plus étonnant que #0858 a été restaurée par Talacrest dans sa configuration du Mans 1967, en berlinette, course où elle avait terminée seconde aux mains de Ludovico Scarfiotti et Mike Parkes.
Très belle exposition retraçant l'histoire des McLaren GT sur le stand de Richard Mille avec notamment la présence de la McLaren F1 GTR #20R.
Cette "Longtail" a terminé seconde des 24 Heures du Mans 1997 et remporté le GT aux mains de Pierre-Henri Raphanel, Jean-Marc Gounon et Anders Olofsson.
Une version routière, l'ArtCar #05R "Cesar", la victorieuse #01R et une Senna en version course était aussi présentées.
Une très belle McLaren M6 GT ouvrait l'exposition.
Je n'ai pu obtenir son numéro de châssis, mai aux vues de la qualité des voitures exposées par Richard Mille, il est envisageable que cette voiture soit une des trois M6 GT originelles, construites du vivant de Bruce McLaren.
Autre ArtCar présente lors du salon, la Porsche 911 GT2 #WP0ZZZ99ZTS393085 "Wolinski" qui termina 20ème lors des 24 Heures du Mans 1998.
Pensée en collaboration par le dessinateur George Wolinski et l'artiste Filip O Filipovitch, elle sera peinte à l'époque par le second.
C'est lui qui a été chargé de sa restauration complète et de lui rendre sa superbe.
Il s'est permis de modifier légèrement la livrée d'origine en rajoutant douze bougies sous l'aileron arrière pour évoquer les morts de Charlie Hebdo.
Très bel hommage et très beau symbole.
La très belle Ferrari 166 MM Touring Berlinetta LM #0048MM qui a, entre autre, participé trois fois aux Mille Miglia en 1951, 52 et 53.
Que dire de la Porsche 917 LH #043 "retrouvée" par Freisinger?
Décidément, les Porsche 917 réapparaissent en nombre ces dernières années.
Cette fois, en dehors d'un site internet, un livre de 300 à 400 pages se terminant par une jolie frise explique que tout le monde se trompe depuis cinquante ans, y compris les archivistes de Porsche.
L'auto aurait été redécouverte au Brésil. Ca sent bon l'aventure, la sueur et la foret amazonienne, mais même les amateurs brésiliens n'étaient pas au courant.
Le stickers "Mythos Racing Team" aposé sur le capot arrière donne peut être du sens à tout ça...
Il faut être cependant positif, il est fort probable du coup que la prochaine réapparition programmée d'un châssis magnésium nous racontera la découverte de celui-ci au pied des Pyramides de Gizeh, peut être dans un film à grand spectacle? Allez savoir....
Les apparitions d'Alfa Romeo Tipo B "P3" sont des moment rares.
Celle-ci, à priori la #5006, était présentée par Lukas Hüni.
Apparue en 1932, ce châssis a un palmarès incroyable avec les victoires d'Achille Varzi au Grands Prix de Bordino, Tripoli, Penya Rhin et Nice, mais aussi à la Targa Florio et la Coppa Ciano, sans oublier la victoire de Comotti au Grand Prix des Comminges, le tout en 1934.
Egalement chez Lukas Hüni, la très impressionnante Alfa Romeo 16C Bimotore #SF48 que certain considère comme étant la première Ferrari de l'histoire.
Il semble qu'elle ait été construite sur la base du châssis P3 disparu, le #5008, et elle est équipée de deux 8 cylindres en lignes de 2,9l.
En 1935, Nuvolari battra d'entrée des records de vitesse avec elle sur l'autoroute Brescia-Bergame malgré une instabilité chronique avant qu'elle ne soit alignée lors des Grands Prix de Tunis, de Tripoli et à l'Avusrennen, les trois fois pilotée par Louis Chiron.
Une autre sera construite sur un châssis neuf et équipée de moteurs réalésés à 3,2l. Elle sera confiée à Tazio Nuvolari pour le Grand Prix de Tripoli et à l'Avusrennen.
Une réplique sera construite bien plus tard pour le Musée Alfa Roméo d'Arese.
La Peugeot L76 GP Indianapolis 1914.
Le n°16 sur la calandre pourrait laisser à penser que ce se serait la voiture de la victoire de Jules Goux en 1913, mais celle ci semble avoir été construite un an plus tard et elle est équipée d'un quatre cylindres 16 soupapes de 10l en lieu et place du 7,6l.
L'Equipe Europe présentait la vision par Joest de "Moby Dick" avec la Porsche 935/78-81 #JR-001 de 1981.
Jochen Mass a remporté une victoire en DRM avec elle a Hockeinheim avant qu'elle ne soit vendue à Gianpiero Moretti qui va l'aligner parallèlement en DRM et en IMSA GTX aux Etats Unis.
L'italien signera son meilleur résultat à son volant avec une seconde place aux 200 Miles de Mid-Ohio associé à Bobby Rahal.
La Shadow DN3 #DN3-2A avec laquelle Jean-Pierre Jarier est monté sur la troisième marche du podium de l'International Trophy à Silverstone, hors championnat, en 1974.
La très impressionnante Chevrolet Corvette GTP vue en France pour les 24 Heures du Mans 1990 et engagée par Paul Canary sous le nom d'Eagle 700 #T8811-HU01.
Elle était motorisée alors par un énorme V8 Eagle de 10,2l mais la Corvette à châssis Lola ne fonctionnait pas et seul Paul Canary prendra le volant aux essais et ne réalisera aucun tour chrono.
Une exposition était consacrée aux concept-cars Bertone, avec, entre autre, la présence de la Ferrari 308 GT4 "Rainbow" dessinée par Marcelo Gandini pour le Salon de Turin 1976.
Un très bel exercice de style présenté par Pur Sang Automobiles.
Les argentins sont partis d'un six cylindres en ligne aviation Nicolas Romeo (apparemment sous licence Isotta Fraschini) de 14,7l de cylindrée pour créer "El Nandu",un monstre à transmission par chaîne dont la ligne du capot n'est pas sans rappeler celle des Alfa Romeo P& du Grand Prix d'Italie 1923.
L'ensemble a un côté "steampunk" vraiment très original.
Voilà, j'espère que la balade vous a plu.
Vous avez encore ce soir et demain pour vous rendre au salon.