Il y a cinquante ans cette année, le 15 juin 1970, au terme de sa vingtième participation, Porsche remportait enfin les 24 Heures du Mans grâce à la fabuleuse 917.
Pour fêter dignement cet anniversaire, le Musée Porsche de Zuffenhausen et le Musée Automobile de la Sarthe ont organisé une splendide exposition temporaire ne regroupant pas moins de sept de ces fantastiques machines.
Présentée du 12 septembre 2020 au 10 janvier 2021, l'exposition a, forcément, été perturbée par les conséquences du Covid 19. Le musée est actuellement fermé et devrait rouvrir le 15 décembre. Alors, pour vous donner envie d'y courir dès que cela sera de nouveau possible, je vous propose ces quelques photos du "917 Made for Le Mans" et des autres nouveautés visibles dans ce très bel endroit.
La 001, première 917 construite et achevée fin février début mars 1969 ouvre l'exposition.
Même si cette ne courra jamais, c'est elle qui sera prise en photo, en version courte pour éditer le célèbre catalogue client.
Vingt ans après la présentation de la Porsche 356, elle sera révélée au public le 13 mars, avec ses parements verts, lors du Salon de Genève.
Le 21 avril 1969, c'est évidemment elle qui sera placée en tête des vingt-cinq 917 présentées lors de la visite d'homologation FIA dans la cour de l'usine de Zuffenhausen.
Après quelques roulages en piste et tests aérodynamiques à la soufflerie de l'université de Stuttgart lors du mois de mai, elle va passer l'été au repos, ne réapparaissant qu'en septembre avec une nouvelle livrée à bande pointillée orange à l'occasion du salon de Francfort.
Deux semaines plus tard, l'accord entre John Wyer et Porsche ayant été officialisé pour la saison 1970, la 001 est repeinte aux couleurs Gulf et va continuer à participer à de nombreux salons.
A la fin de l'été, elle retourne à l'usine pour être reconvertie en clone de 917-023, la voiture ayant remporté les 24 Heures du Mans 1970 et va être exhibée sous sa nouvelle forme dès le Salon de Paris début octobre, alors que l'originale continue sa carrière sportive.
Sa carrière de show-car s'achève fin 1971 et l'auto est alors stockée à Zuffenhausen.
En 1976, à l'ouverture du premier musée Porsche, elle intègre la collection du constructeur allemand, toujours sous la forme d'un clone de 917-023.
Elle sortira parfois du musée lors de démonstrations, notamment en ouverture des 24 Heures du Mans ou lors du Mans Classic 2010.
Après une première restauration "cosmétique" pour intégrer le nouveau Musée de Zuffenhausen en 2009, Porsche va décider, de célébrer le cinquantième anniversaire de la 917-001 en lui rendant sa beauté initiale.
Ainsi, en 2019, elle va retrouver sa configuration du Salon de Genève 1969, celle qui l'a révélée au public, qui a fait d'elle la "Kolossale Porsche" dans la plupart des magazines automobiles de l'époque, et dont Vic Elford est immédiatement tombé amoureux.
C'est la première fois qu'elle est exposée en France depuis sa remise en état d'origine.
Même si la 917 en version 1969 n'était pas une voiture efficace, la ligne dessinée par Peter Falk et Helmut Flegl, affinée par Lucien Romani, Robert Choulet et l'équipe de la SERA CD est d'une grande beauté, quel que soit l'angle sous lequel on la regarde, particulièrement, comme ici, lorsqu'elle est équipée de sa longue queue.
Je tiens ici à saluer le travail de Dominique Donné, de l'Agence Archimède, qui a réalisé l'affiche de l'exposition et conçu également tous les visuels qui la décorent.
L'idée de présenter la 917-001 devant un plan à l'échelle un est absolument géniale et permet de faire le lien entre la technicité extrême de la Porsche et son esthétique d'une grande pureté.
Comme la plupart des 917 ayant couru la saison 1970, la 015 est une auto de 1969 remodelée aux spécifications "K" durant l'hiver 69/70.
La 917 K a été développée suite aux essais de Zeltweg en octobre 69 et elle apparait dans sa version définitive lors d'essais sur la piste de Daytona en novembre.
Suite à ces tests, les 917 vont être équipées d'une petite baie au-dessus du pare-brise pour permettre aux pilotes de gagner un peu de visibilité lorsqu'ils sont à pleine vitesse sur le banking.
Après une course âpre, Pedro Rodriguez et Leo Kinunnen, épaulé par Brian Redman en fin de course suite au long changement d'embrayage sur la 014, imposent la 015. Les Porsche 917 Wyer signent le doublé grâce à un sprint final de Siffert qui est retourné en piste avec la 014.
Cependant, la victoire américaine de la 917-015 marquera presque immédiatement sa fin de carrière en course.
Elle ne sera plus utilisée que pour des essais ou en tant que voiture de réserve lors de différentes épreuves du Championnat du Monde 1970.
En toute fin de saison, Brian Redman la mènera à la septième place de la manche Can-Am se courant le lendemain des 6 Heures de Watkins Glen.
Durant l'inter-saison 1970/71, bien que la 917-015 conserve officiellement son identité, son châssis est remplacé par le 035.
Le 015 originel est apparemment alors stocké à l'usine.
J'étais persuadé que la voiture présentée était celle restaurée par Canepa en 2016 à partir du châssis 01-021, mais après une discussion avec un grand amateur de la Porsche 917, il s'avère que je me suis trompé.
En effet, lorsque Kevin Jeannette pensa que le 01-021 était, en fait, le 015 original, il semble qu'il se soit également fourvoyé.
Cette 917-015, a été retrouvée à l'état de "chassis-roulant", équipé d'une carrosserie très abimée, chez Freisinger (qui a racheté tout le stock de pièces et apparemment les épaves du programme 917 après la fin de la saison 1971).
Cette 015 était équipée des disques de freins en composite chrome cuivre développés spécifiquement pour Daytona 70 et ses supports de réservoir d'essence étaient frappés 035, Porsche à donc confirmé sont identité et authentifié le châssis.
Elle a été longuement et patiemment restaurée chez Orca et il semble que l'exposition "917 Made for Le Mans" soit sa première apparition publique.
Selon une source proche du Musée du Mans, il semblerait que 917-015, bien que présentée au nom du Musée Porsche, soit en fait la propriété d'un grand collectionneur français.
Autre pièce maitresse dans l’histoire de la Porche 917 présente actuellement au Musée Automobile de la Sarthe, la 917-027, première 917 spyder construite au tout début de l'été 1969 comme voiture de développement de la 917 PA (Porsche+Audi), la 028.
L'idée de ce projet était de permettre à Jo Siffert de participer au Championnat CanAm 1969 sous les couleurs de l'importateur américain.
Mais même avec une puissance portée à 580cv, le flat 12 de 4,5l manquait de puissance face aux bigs blocks Chevrolet de 7l des McLaren M8B, Lola T163 et autres Chaparral 2H.
Malgré tout son talent, Siffert ne pourra faire mieux qu'une troisième place à Bridgehampton mi-septembre.
Pour autant, la 027 va continuer sa carrière de voiture de développement.
Ainsi, elle va servir de "mètre-étalon" lors des essais d'octobre 1969 lors desquels John
Horsman va redéfinir la forme du capot arrière de la 917 à grand renfort de plaque d'aluminium amenées sur place par Peter Falk. Ces modifications étant, en partie, inspirées à Horsman par le capot arrière à pan coupé de la 027.
Lors de la présentation à la presse de la 917K le 11 décembre 1969, la 917-027 est également présente à ses côtés lors de la séance photo organisée sur le tarmac du circuit d'Hockenheim.
Durant les saisons 1970/71, Hans Mezger, le père du flat 12 type 912 va chercher des solutions pour combler le déficit de puissance vis-à-vis des bigs blocks Chevrolet.
Pour ce faire, il va concevoir un flat 16, d'une cylindrée initiale de 6l et développant 770cv au banc.
Pour tester ce moteur, le châssis de la 027 va être rallongé et renforcé et la voiture va accumuler les tests sur la piste de Weissach.
La cylindrée du flat 16 va être portée à 7,2 litre en 1971 et il développera alors 880cv.
Parallèlement, des tests sont menés au banc sur une version turbocompressée du flat 12 et il faut se rendre à l'évidence, cette solution, beaucoup moins onéreuse, développe encore plus de puissance que le flat 16 et le poids et l'encombrement du moteur sont bien inférieurs.
Le développement du flat 16 va être abandonné et, pour sa montée en puissance en CanAm prévue pour la saison 1972, les motoristes de Zuffenhausen vont se concentré sur le flat 12 turbo.
027 va être mise en réserve et intégrera ensuite la collection du Musée Porsche.
Cette maquette de soufflerie de la SERA CD est surtout connue pour avoir servi à Anatole Lapine à valider le projet "Cochon Rose" du styliste américain Richard Soderburgh auprès de Hans Dieter Dechent avant les 24 Heures du Mans 1971, pourtant, en y regardant de plus près, elle semble être bien autre chose.
En effet, il est communément admis que l'idée de concevoir une 917 courte spécifique pour le circuit du Mans, associant les qualités aérodynamiques de la 917K et de la 917 LH a émergé lors d'une réunion à Stuttgart le 22 juin 1970.
Mais, lorsqu'on regarde la maquette de plus près, on ne peut que remarquer les analogies avec la ligne des 917-040 et 041 (protubérance au milieu du capot arrière, capot vitré, ailes arrières très galbées, etc...), le tout avec une forme globale légèrement élargie.
On ne peut donc s’empêcher de penser que Robert Choulet avait étudié cette configuration bien avant la date qui est officiellement attribuée au début du projet.
La 917-045 est la dernière des 917L construites pour les 24 Heures du Mans 1971.
Seulement deux exemplaires de cette évolution la plus aboutie de la 917 en version Endurance ont survécu, l'autre, la 042 est au Musée Porsche.
Cette ultime série de 917 développée spécifiquement pour le circuit du Mans bénéficie de tout le travail de recherche aérodynamique mené par Lucien Romani, Robert Choulet et les ingénieurs de Porsche.
Le capot avant à pan droit développé pour la 917/20 lui a été adapté, les persiennes sur les ailes ont été avancées pour amener encore plus d'appuis sur le train avant, la ventilation de l'habitacle améliorée, le capot moteur a été également redéfini, l'aileron modifié et replacé, les dérives le supportant étant désormais parallèles au lieu de converger légèrement vers l'arrière, un demi carénage ajouré recouvre les roues, l'ajout d'un radiateur d'huile de boîte a permis de remplacer les écopes du modèle 70 par deux prises d'air Naca et, pour finir, la carrosserie est maintenant fabriquée avec un composite PVC/Epoxy, renforcé de filaments de carbone par endroits, développé pour les 908/3, qui apporte un substantiel gain de poids et évite les déformations à haute vitesse.
Agressive, racée, galbée à souhait tout en conservant une grande fluidité, la 917L des 24 Heures du Mans 1971 n'est pas seulement la plus belle de son espèce, elle est aussi une des autos les plus performantes qui ait posé ses roues sur le circuit sarthois.
Selon les radars de l'ACO ou celui de Porsche, placés à différents endroits sur la ligne droite, les 917L ont été chronométrées entre 386 et 396 km/h en vitesse de pointe dans les Hunaudières.
Au volant de la 917-043, Jackie Oliver va signer un tour en 3'13"600 lors des essais d'avril 1971. Même si Kamui Kobayashi s'est montré plus rapide en vitesse moyenne en descendant sous les 3'15 pour signer sa pole position en 2017, le record absolu d'Oliver, tous circuits confondus, n'a toujours pas été battu presque cinquante ans après.
917-045 était une des deux longues queues confiées à l'écurie Wyer pour les 24 Heures du Mans 1971. A son volant Jo Siffert signa le 3ème temps des essais en 3'17"6, derrière Vic Elford sur la Martini et Pedro Rodriguez, en pole, sur l'autre Gulf.
Associé à Derek Bell, Siffert va faire un début de course prudent, mais grâce à deux ravitaillements très rapides, le suisse prend le commandement au bout de deux heures de course.
Mais, il est obligé d'anticiper la fin de son troisième relais car un boitier d'allumage s'est détaché.
Bell repart quatrième des stands et deux heures plus tard, Siffert, qui a repris le volant, pointe second à la cinquième heure.
Mais une fois encore, le manque de fiabilité des 917L, préparées à l'usine, va faire jour. Le roulement de la roue arrière gauche est mort et 1h10 vont être perdues à changer le porte-moyeu.
La n°17 chute au 14ème rang. Siffert et Bell repartent à l'attaque et remontent sixièmes au lever du jour mais un des carters moteur se fend et la 917-045 commence à perdre son huile.
Fumante, elle va continuer à rouler jusqu'à la 18ème heure où elle sera retirée avant que le flat 12 ne casse.
Affublée de deux énormes stickers Gulf sur son capot moteur, la 917-045 va continuer sa carrière en tant qu'objet publicitaire pour le compte de son principal sponsor jusqu'à la fin de l'année 1971.
En 1972, Porsche offre la 917-045 au Musée Automobile de la Sarthe.
Mais, pour des raisons financières, les relations entre le constructeur allemand et le pétrolier américain dont la voiture porte les couleurs ne sont plus au beau fixe.
Il est donc demandé que la 045 soit transformé en clone de la 042, la Martini, et c'est un artiste local, dont l'histoire n'a malheureusement pas retenu le nom qui va s'en charger.
Durant plus de trente-cinq ans, la 917-045 va être exposée en statique dans les deux musées qui vont se succéder, et malgré quelques retouches cosmétiques, elle va subir les outrages du temps.
A la fin des années 2000, elle va bénéficier d'une restauration complète de sa mécanique chez un préparateur français bien connu et son flat 12 va être redémarré.
Depuis le Mans Classic 2010, elle réapparait épisodiquement lors de manifestations consacrées aux anciennes.
Probablement en prévision de cette exposition, elle a été remise, cette année, dans ses couleurs originales des 24 Heures du Mans 1971 et le travail réalisé chez Orca Restauration, en Allemagne, est absolument superbe.
En 1971, Porsche travaille déjà sur l'avenir et les ingénieurs de Zuffenhausen ont déjà la tête à la CanAm.
Dans l'optique du championnat américain où aucun minimum de poids n'est imposé, et dans l'idée d'alléger la 917K pour lui adapter un novateur système d'ABS, une série de trois châssis en magnésium va être construite, les 051, 052 et 053. Ces châssis ne pèsent que 42kg et l'utilisation du magnésium dans certaines pièces du système de freinage et de la transmission permet d'abaisser le poids total de la série des "050" aux alentours des 765 kg, soit environ cinquante kilos de moins qu'une 917K classique. Pour arriver au poids minimum d'homologation fixé à 800 kg en Sport, la 917-053 est équipée d'un réservoir d'huile porté à 55 litres.
La 051 servira aux tests d'endurance à Weissach, la 052 participera aux essais d'avril des 24 Heures du Mans 1971 et Jo Siffert signera le deuxième temps du weekend en 3'18"4.
Mais le magnésium reste un matériau fragile et tant pour la 051 que pour la 052, les châssis vont céder lors des tests et seront ultérieurement cafutés chez Porsche.
La 917-053 arrive neuve au Pesage des 24 Heures du Mans 1971.
D'un blanc immaculé, elle va courir pour le compte du Martini Racing Team et être confiée à Helmut Marko et Gijs Van Lennep. Sa déco ne sera achevée que le jour de la course.
Etant considérée par le staff de Porsche comme une voiture expérimentale n'étant pas censée terminer la course, sa prise en charge est assurée par les mécaniciens les moins expérimentés, dont Klaus Bischof, le futur directeur du Musée Porsche.
Marko et Van Lennep reçoivent pour consignes de faire une course sage pour préserver l'auto.
Les pilotes "se contentent" de rester dans le top dix pendant la première partie de la course, puis, après un changement de courroie d'alternateur qui va faire perdre une dizaine de minutes en début de soirée, la 917-053 pointe au quatrième rang à deux heure du matin.
Suite au problème de fiabilité des 917L et à l’abandon de la Ferrari 512M de Vaccarella et Juncadella, elle prend le commandement juste après la mi-course.
Au lever du jour, Marko se fait une frayeur en accrochant la Ferrari de Manfredini en perdition, mais malgré la perte d'une bulle de phare et un avant gauche abimé, la 917 blanche reste en tête.
Par sécurité, les boulons de la turbine sont changé vers 9h15 et même si l’arrêt est prolongé de cinq minutes, la n°22 ressort des stands avec cinq tours d'avance sur la n°19 d'Attwood et Müller qui a perdu 38 minutes durant la nuit suite à un changement de pignon de cinquième.
Marko et Van Lennep vont "enrouler" jusqu'à l'arrivée, se laissant remonter par la 917K Gulf Wyer, mais conservant tout de même deux tours d'avance au final.
Mais malgré "ce rythme de sénateur", très relatif, qui fera qualifier les 24 Heures du Mans 1971 de "course ennuyeuse" par Gérard Crombac, l'autrichien et le hollandais vont parcourir 397 tours, battant le record à la distance de Gurney et Foyt sur la Ford Mk IV en 1967 et le portant à 5335,313 km à 222,304 km/h de moyenne.
Il faudra attendre 2010 pour que Dumas, Bernhard et Rockenfeller effectuent le même nombre de tours au volant de leur Audi R15+ et qu'ils portent, le circuit ayant beaucoup changé, le record à la distance à 5410,713 km soit 225,228 km/h de moyenne.
Les 24 Heures du Mans 1971 seront la seule et unique course de la 917-053 et elle va vite, après un peu de cosmétique, intégrer la collection du Musée Porsche.
Même si son châssis a miraculeusement survécu à l'épreuve mancelle, le magnésium se dégradant avec le temps, elle est désormais considérée comme n'étant plus en état de rouler, ou a très basse vitesse.
La Porsche 917-030 est la dernière des 917K à châssis conventionnel construite en 1971.
Durant cette saison, elle va surtout servir de voiture de test à Weissach pour mettre au point le système ABS prévu pour équiper les 917.
Mais la fiabilisation du système va être laborieuse, et la 030 ne sera alignée en course qu'en toute fin de saison lors des 1000 Km de Zeltweg.
Pour l'occasion, elle sera confiée à Helmut Marko et Gérard Larrousse.
Qualifiée troisième , elle fait un bon début de course, mais une rupture de suspension va écourter la prestation.
Elle sera ensuite stockée à Zuffenhausen avant que le Comte Grégorio Rossi di Montelera, l'homme de Martini et Rossi, inspiré par l'idée du "Weissach Taxi", ne la rachète et demande à Porsche de la convertir en version routière.
Après avoir réussi à obtenir une immatriculation en Alabama, le Comte Rossi prend possession de la 917-030 en 1975 pour un épique voyage inaugural entre Weissach et son hôtel particulier de l'Avenue des Champs-Elysées.
Il semble que la famille Rossi conserve la 030 jusqu'à au moins 2010.
Elle est aujourd'hui la propriété d'un collectionneur français, grand animateur de la catégorie LMGTE Am en WEC.
Sachant les Sports 5l condamnées à partir de la saison suivante, Porsche revient à la CanAm dès 1971, une fois encore avec Jo Siffert.
Helmut Flegl et son équipe vont retravailler le complexe châssis de la 917, le simplifier et le rigidifier par l'ajout de panneaux en aluminium. Le moteur turbo ne tournant alors qu'au banc d'essais, le nouveau spyder destiné à la CanAm, baptisé 917/10, est motorisé par un flat 12 5l atmosphérique.
Côté carrosserie, la 917/10 est très inspirée des 908/3 en version 1971, hormis dans sa partie avant, beaucoup plus anguleuse.
Bien que manquant toujours de puissance face au McLaren M8F et Lola T260, la 917/10 est beaucoup plus efficace que la 917 PA et Siffert monte trois fois sur le podium en six courses disputées.
Malheureusement, le fribourgeois se tue lors de la Course des Champions à Brands Hatch le 24 octobre 1971.
Il sera classé quatrième du Championnat, à titre posthume.
A la fin de l'été, Porsche désirant fournir au moins une seconde écurie l'année suivante, des contacts avaient abouti avec le Team Penske.
Grâce à la collaboration entre l'équipe de Flegl, Mark Donohue et son ingénieur Dan Cox, la 917/10 va beaucoup évoluer durant l'hiver.
Pour trouver des appuis, l'aérodynamique va être complétement revue avec l'ajout d'un énorme aileron arrière, nécessitant de retravailler également l'avant de la voiture pour conserver un certain équilibre.
Le premier bloc bi-turbo arrive aux Etats-Unis en mars 1972, mais en dehors d'un temps de réponse important, des problèmes d'alimentation rendent la mise au point de la première 917/10 Turbo délicate.
Une fois les soucis de pompe d'injection réglés, la voiture se montre très efficace, un châssis en magnésium, le 011 est construit spécialement pour le pilote de pointe du team Penske, Mark Donohue.
La saison démarre le 11 juin 1972 à Mosport, Donohue domine le début de course, mais se classe finalement second suite à un problème d'alimentation.
Quelques jours plus tard, il sort de la piste et se blesse lors d'essais à Road Atlanta, détruisant au passage la 011. Il va rester neuf semaines loin des circuits, son genou ayant nécessité une opération importante.
Donohue va être remplacé par George Follmer le temps de sa convalescence, et la 917/10-003, la voiture de développement du team Penske va lui être confiée.
Durant cette période, Follmer, bien aidé par les conseils de Donohue, va l'emporter à trois reprises et prendre la tête du challenge nord américain.
Donohue fait son retour à Donnybrooke le 17 septembre sur son châssis de réserve, la 917/10-005, mais ce n'est pas un bon jour pour le team Penske.
Il sort de la piste après avoir éclaté un pneu alors que Follmer tombe en panne d'essence dans le dernier tour et termine quatrième.
Deux semaines plus tard, Donohue offre sa première victoire à la 005 lors de manche d'Edmonton.
Follmer s'impose lors des deux dernières manches à Laguna Seca et à Riverside avec la 003, il offre à Porsche son premier titre CanAm, Donohue de son côté se classe second puis troisième avec la 005, et, malgré sa longue absence, se classe quatrième du championnat.
La saison 1973 va voir apparaitre la version la plus radicale de la Porsche 917, la 917/30.
Elle est le résultat du travail combiné des ingénieurs de Porsche et du team Penske qui voulaient gommer les imperfections de la 917/10.
Ainsi, la cylindrée du flat 12 est portée à 5,4l par augmentation de l'alésage à 90mm, la puissance passe à 1140 cv et le couple de 112 mkg oblige à monter un quatrième disque d'embrayage
L'empattement est rallongé de 184 mm et porté à 2,5m pour améliorer la tenue de courbe. Cet allongement autorise également le montage de réservoirs plus grands totalisant une capacité de 400 l.
L’aérodynamique est une nouvelle fois revue, le capot avant spécifique et les modifications du capot arrière sont étudiées par la SERA CD.
Même si, au cours de la saison, les Porsche 917/10 vont être peu à peu équipées du 5,4 turbo, seule la 917/30 va conserver le système de réglage de la pression de suralimentation depuis l'habitacle.
Même si le début de saison est difficile, Donohue et la 917/30 vont survoler l'édition 1973 du Chalenge CanAm et remporter six courses sur huit.
Les 917/10 Penske de 1972 ont été vendues à un nouveau team venu d'Atlanta, le Rinzler Motoracing, qui fait courir le champion en titre, George Follmer et Charlie Kemp.
Kemp l'emporte lors de la manche d'ouverture au volant de la 917/10-005 à Mosport alors que Follmer casse sa transmission et Donohue est victime d'une touchette et fini attardé.
Après une course très disputée, Follmer impose de nouveau 005 à Road Atlanta, de justesse devant Donohue.
Elle est de nouveau attribuée à Charlie Kemp à partir de Watkins Glen et il va la conserver jusqu'à la fin de la saison, mais la 917/10, poussée dans ses derniers retranchements, commence à manquer de fiabilité.
Il ne remontera sur le podium que lors de la manche finale à Riverside et sera classé quatrième du Championnat.
Cette course marque la fin de la carrière sportive de 917/10-005 qui semble intégrer la collection du Musée Porsche dès 1974.
Le fond permanent du Musée du Mans évoluant d'année en année, je vous propose ici de faire un petit tour des nouveautés apparues depuis ma dernière visite , en 2019.
J'espère que ces quelques clichés vous auront donné envie de courir au Musée Automobile de la Sarthe dès le 15 décembre, date de sa réouverture après le second confinement.
Vous n'êtes surement pas sans ignorer que l'ACO connaît des difficultés financières liées au contexte sanitaire et des licenciements sont prévus.
Les employés du Musée sont inquiets pour leur avenir, soutenez-les et allez visiter, vous ne le regretterez pas.
Après la visite du Musée, pour achever la matinée en beauté, j'ai eu la chance d'être invité à déjeuner (merci Pascal) au Porsche Experience Center du Mans, l'occasion de faire également quelques clichés des voitures exposées.
Voilà, prenez soin de vous et à très vite dans cette période une nouvelle fois particulière.