La 93ème édition des 24 Heures du Mans vient de s'achever et a sacré Ferrari pour la troisième fois consécutive.
La 499P domine la saison 2025, mais cette fois-ci, c'est l'auto "semi-privée", engagée sous licence AF Corse qui s'est imposée, et de fort belle manière.
Alors certes les éternels râleurs vous diront que la BoP a privilégié les créations de Maranello, mais le faible écart à l'arrivée, quatorze secondes avec la Porsche 963 qui passe la ligne à la deuxième place, tend à prouver que la lecture n'est pas si simple.
Effectivement la meilleure allemande rendait quatre kilomètres par heure en vitesse de pointe aux deux Ferrari officielles, mais la n°6 et la n°83 ont été chronométrées toute les deux à 345,6 km/h et la différence sur un tour était infime.
L'épreuve n'a été neutralisée qu'une seule fois, peu avant la mi-course, permettant à l'équipage victorieux de frôler les 5300 km, démontrant ainsi le potentiel réel des Hypercars sur 24 heures.
Le hasard fait que cette victoire d'une Ferrari "privée" commémore le soixantième anniversaire de celle de Jochen Rindt et Masten Gregory au volant de la 250 LM du N.A.R.T. en 1965 et constitue un bel hommage.
Ce premier article consacré aux 24 Heures du Mans 2025 revient sur la course de la catégorie reine, les Hypercars.
Comme toujours, pour voir les photos en grand format, n'hésitez pas à faire un clic droit sur la souris et à les "ouvrir dans un nouvel onglet".
Robert Kubica, Yifei Ye et Phil Hanson s'imposent au volant de la Ferrari 499P #12 32P AF Corse. Le trio a parcouru 387 tours, soit 5 273,260 km à 219,240 km/h de moyenne. La course a pu sembler facile vue de l'extérieur pour la Ferrari jaune, mais des problèmes au rétrogradage sont apparus dès les premières heures, ainsi qu'une dégradation dans l'équilibre de la 499P au fil des relais et les pilotes ont du composer avec. Malgré ces difficultés, le trio a fait une course solide, toujours aux avant-postes, en évitant la majorité des écueils. Mention spéciale à Robert Kubica qui semble avoir passé une dizaine d'heures au volant. Robert Kubica et Yifei Ye deviennent les premiers pilotes polonais et chinois à remporter la classique sarthoise.
Kévin Estre, Laurens Vanthoor et Matt Campbell terminent sur la seconde marche du podium après une course superbe. Partis derniers de leur groupe après l'annulation des temps des essais pour poids non-conforme, les trois hommes ont fait une remonté splendide qui les a mis en position de remporter l'épreuve en cas de défaillance de la Ferrari. Il n'en sera rien et la Porsche 963 #963-121 1 du Porsche Penske Motorsport restera seconde. Le team WEC ce chez Porsche a fait un travail fantastique dans l'optimisation des arrêts aux stands pour permettre à la n°6 de revenir aux avant-postes et, avec seulement 42'06", la meilleures des Porsche est aussi la voiture qui a passé le moins de temps aux stands durant l'épreuve, trois minutes de moins que la Ferrari victorieuse.
Les Ferrari "officielles" ont toujours été en position de remporter la course et les 499P rouges passent la ligne à moins de trente secondes de la jaune. Les pilotes Ferrari AF Corse ont clairement manqué de discipline d'équipe et, pour une fois, la direction de course a décidé ne rien laisser passer. Ils payent, à l'arrivée, les quelques bévues qui ont émaillés leurs courses et leur relatif manque de fair-play dans certaines occasions. James Calado, Alessandro Pier Guidi et Antonio Giovinazzi prennent la troisième marche du podium au volant de la 499P #12 30 P.
Avec le déclassement de la seconde Ferrari d'usine, la Cadillac V-LMDh #P222 017 du Cadillac Hertz Team JOTA pilotée par Norman Nato, Will Stevens et Alex Lynn termine au pied du podium. Même s'il est clair que Ferrari et Porsche avaient caché leurs jeux aux essais, Lynn décroche la pole position et, avec l'autre Cadillac Jota en première ligne, fête de fort belle manière les 75 ans de présence de Cadillac au Mans. La n°12, grâce a une belle gestion des arrêts, est la dernière Hypercar à terminer dans le tour du vainqueur. Peut être de quoi regretter les passes d'armes entre membres de la même équipe en début de course et le temps perdu à cette occasion?
La meilleure des Toyota GR010-Hybrid, celle de Kamui Kobayashi, Mike Conway et Nyck de Vries termine cinquième à un tour. Vraiment impactée par la BoP, les nippones ont fait le maximum mais n'ont jamais donné l'impression de pouvoir jouer la gagne. Dommage. Quoi qui en soit, la déco de la #23-09, reprenant la livrée des GT-One de 1998 à l'occasion des 40 ans de Toyota au Mans était, tout simplement, superbe.
Malgré un excellent début de course où la Porsche 963 #963-111 s'est portée en tête dès le premier tour grâce à Julien Andlauer, le lièvre de Stuttgart a fini par rentré dans le rang. Associé à Michael Christensen et Mathieu Jaminet, le français termine sixième à un tour.
Une fois encore, Sébastien Bourdais passe à coté de la victoire. Pourtant qualifié en première ligne, le sarthois, associé à Jenson Button et Earl Bamber (quel line-up !!!) au volant de la Cadillac V-LMDh #P222 024 termine au septième rang dans le même tour que la seconde Porsche.
Felipe Nasr, Nick Tandy et Pascal Wehrlein placent la dernière des Porsche 963 au huitième rang, derniers dans le 386ème tour, avec la Porsche 963 #963-125.
Après un début de saison laissant espérer un bon résultat au Mans, les Alpine ont forcément déçu, même si elles terminent toutes les deux dans le top 10. Ferdinand Habsburg, Paul-Loup Chatin et Charles Milesi passent la ligne au neuvième rang au volant de l'#Oreca 12/01/2024 après une course terne.
L'autre A424 de l'Alpine Endurance Team, l'#Oreca 11/12/2023, termine dixième à trois tours grâce à Frédéric Makowiecki, Mick Schumacher et Jules Gounon.
Chez Peugeot, on a tenté une stratégie à la consommation en l'absence de performance. Malheureusement pour les lionnes, la course ne comptera qu'une seule neutralisation repoussant la première hypercar de Sochaux au onzième rang. La #14 était pilotée par Loic Duval, Stoffel Vandoorne et Malthe Jakobsen.
Pour leurs débuts dans la Sarthe, les deux Aston Martin Valkyrie voient le drapeau à damiers. La #003, celle de Alex Riberas, Marco Sorensen et Roman De Angelis termine douzième à quatre tours, malgré une belle frayeur avec une GT3, à la 18ème heure, à Indianapolis.
Avec l'aide de Max Welti en tant que Team Manager, la Porsche 963 privée, la #963-119 du Proton Competition, pilotée par Neel Jani, Nicolas Pino et Nicolas Varrone termine 13ème à quatre tours.
La seconde Aston Martin Valkyrie du Team Thor, la #004, pilotée par Tom Gamble, Ross Gunn et Harry Tincknell termine quatorzième à six tours.
Quinzième rang à l'arrivée pour la plus performante des Toyota GR010-Hybrid en début de course. La #24-10 de Sebastien Buemi, Brendon Hartley et Ryo Hirakawa termine finalement quinzième après que le japonais ait perdu la roue avant gauche en sortant des stands. Il réussira a rentrer, mais la Toyota plongera au classement.
La seconde Peugeot 9X8, la #11 de Paul Di Resta, Mikkel Jensen et Jean-Eric Vergne termine seizième à huit tours après une course anonyme.
Les BMW M Hybrid WRT sont certes performantes, mais la fiabilité n'est pas encore au rendez-vous. La mieux classée, la #P22B 007 de René Rast, Robin Frijns et Sheldon Van der Linde termine 17ème à douze tours.
En proie à des problèmes de refroidissement de batterie, la BMW M Hybrid #P22B 009 termine très attardée à une lointaine 31ème place au général. Raffaele Marciello, Dries Vanthoor et Kevin Magnussen passent la ligne 36 tours derrière la Ferrari victorieuse.
La Ferrari 499P #12 28 P Ferrari AF Corse a passé la ligne au quatrième rang, mais lors des vérifications techniques du lundi, les commissaires ont découvert que les vis centrales de l'aileron avaient disparues, lui donnant une flexibilité supérieure aux tolérances réglementaires. De fait, Antonio Fuoco, Miguel Molina et Nicklas Nielsen sont déclassés, réalisant la pire opération possible au championnat.
La Cadillac V-LMDh #P222 009 du Cadillac Whelen pilotée par Jack Aitken, Felipe Drugovich et Frederik Vesti a quitté la ronde à la 17ème heure suite à des problèmes de transmission.
L'autre Cadillac V-LMDh IMSA, la #P222 023 du WTR pilotée par Jordan Taylor, Ricky Taylor et Filipe Albuquerque a été la première Hypercar à abandonner, peu avant la mi-course au 189ème tour, sur perte de puissance et problèmes de transmission.